Le Président du Tatarstan, pièce maîtresse du jeu russe pour calmer la contestation tatare en Crimée
Il y a quelques semaines je rendais compte de la visite en Crimée de Roustam MINNIKHANOV, le Président de la République du Tatarstan (sujet de la Fédération de Russie).
Voyant l'effervescence qui a accompagné le référendum du 16 mars, au sein de la communauté des tatars de Crimée, notamment la menace brandie d'un référendum séparé d'autodétermination, Roustam MINNIKHANOV a fait de nouveau le voyage en Crimée, alors qu'il était invité à la réunion de la Kouroultaï, l'assemblée traditionnelle de tous les représentants des tatars de Crimée. Il était accompagné du président du Conseil des muftis de Russie Ravil GAÏNOUTDIN, autorité musulmane respectée en Russie.
Le Président MINNIKHANOV a donné des assurances à l'assemblée sur l'intérêt que Vladimir POUTINE porte à la réhabilitation des tatars de Crimée, et à sa disponibilité pour porter les revendications des tatars de Crimée auprès du pouvoir central : "J'ai rencontré le président de la Russie Vladimir Poutine. Poutine est intéressé par une résolution positive des questions liées aux Tatars de Crimée. Et à l'avenir je vais organiser une réunion entre les représentants de la et Poutine".
Avant cela, il avait rencontré le président du parlement de Crimée Vladimir KONSTANTINOV et le premier-ministre Sergueï AKSIONOV pour que ceux-ci réaffirment officiellement la volonté du gouvernement régional de mettre en oeuvre le plan annoncé vis-à-vis des tatars de Crimée : représentants dans les ministères principaux, tatar langue officielle au niveau de la Crimée, plan d'amélioration de l'habitat des tatars de Crimée.
Roustam MINNIKHANOV est donc le grand médiateur et même le grand sage qui apaise une situation que d'aucuns en occident, comme à Kiev prédisaient comme explosive.
Enfin, par décret de ce jour, Roustam MINNIKHANOV a décidé d'ouvrir une représentation permanente de la République du Tatarstan en République de Crimée, à la tête de laquelle il a nommé Ilmir TEMIRGALIEV, un homme d'affaires tatar de Crimée, ayant de nombreuses relations économiques avec la République du Tatarstan. Il marque ainsi son engagement dans ce dossier sur la durée.
Ceci semble avoir payé : la kouroultaï n'a pas décidé de recours à un référendum d'autodétermination, mais de demander la reconnaissance de son autonomie territoriale et culturelle, statut qui existe déjà en Russie pour de nombreuses minorités nationales et aujourd'hui la Medjlis a annoncé qu'elle nommerait ses représentants dans les ministères, alors qu'elle le refusait jusque là.
En effet, il est de l'intérêt du Tatarstan, comme de la Russie que la Crimée ne devienne un nouveau foyer d'agitation nationaliste, se transformant en agitation wahhabite, comme ce fut le cas en Tchétchénie. C'est donc par le dialogue et le développement économique (les hommes d'affaires tatars accompagnaient aussi le Président) et spirituel (Kazan a proposé son aide pour la construction d'écoles tatars et pour accueillir des étudiants tatars de Crimée à Kazan) que la République du Tatarstan veut démontrer son leadership dans la gestion de la multiethnicité en Russie.
Sources :
http://tatarstan.ru/rus/index.htm/news/284334.htm
http://tatarstan.ru/rus/index.htm/news/284705.htm
http://www.c-inform.info/news/id/2348
http://www.c-inform.info/news/id/2364